Le trou de la serrure

Mai / 07

Le trou de la serrure

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Vous souvenez-vous d’avoir regardé par le trou de la serrure ?
Vous aviez cette petite fenêtre qui, ajoutée à votre imagination, vous faisait croire que vous pouviez deviner tout ce qui se passait derrière la porte.

C’est ce qui m’est arrivée il y a une semaine. Je me suis mise à regarder à travers la serrure de la porte ouvrant sur ce qui se passait dans mon domaine professionnel. J’y ai vu que, dans mon travail d’assistante à l’intégration avec un enfant sourd, je ne connaissais pas assez la langue des signes. J’y ai vu que le programme en ligne dont la mise en place me passionnait tant n’avait pas le succès escompté. J’y ai encore vu que mon épaule me faisait mal et que le loyer de mon studio de Nia n’avait toujours pas pu être payé depuis plus d’un mois.

Cette serrure, à ce moment-là, je pensais que c’était celle qui correspondait au fait de « voir la vérité en face ». J’en suis arrivée à me poser une question, que je n’avais jamais envisagée avant. Même en fin 2020, quand le studio a, à nouveau, été fermé suite aux directives fédérales, je ne me l’étais pas posée : Et si je demandais une résiliation anticipée et que j’abandonnais mon studio ?

Celles et ceux qui m’ont souvent rencontrée comprendront à quel point je devais être dans un creux et combien je laissais mes pensées être contrôlée par ma peur, pour arriver à envisager cette action.
En parallèle, je me suis décidée à reprendre la lecture d’un des livres que j’avais commencé il y a plus d’un an, celui, en anglais, du Dr. Demartini, The breakthrough experience. J’ai décidé de reprendre là où j’avais laissé ma lecture. Autant dire que c’était le début du livre.

 

Les bases de mon histoire sont posées. Vous me suivez toujours ? La semaine dernière, je panique. En parallèle, je recommence un livre.

 

Au début de cette semaine, un matin, lors de mon Miracle Morning, je lis des phrases qui me touchent. Ce sont particulièrement les verbes en anglais, qui parlent à mon cœur : break down et break through.

If you break down, you’re listening to your fearful self; but if you break through, you’ve listened to your immortal self.

Une révélation ! La serrure par laquelle j’étais en train de regarder mon domaine professionnel n’était pas celle de la vérité, mais celle de mes peurs. Ce matin-là, après avoir lu, relu ces mots, les avoir intégré dans mon corps, j’ai médité dessus, j’ai ajouté quelques minutes de respiration, sur une des musiques les plus inspirantes que j’aie.

Ensuite, plutôt que de continuer à regarder à travers la serrure, j’ai décidé d’ouvrir la porte. Ce que j’y ai vu n’avait rien à voir avec ce que j’imaginais !

Ouvrir une porte

Des élèves se réjouissaient de revenir dans le studio. D’autres qui me remerciaient pour le programme en ligne. Des profs étaient impatientes de revenir donner leur cours au studio, car ils adorent son énergie. Il y avait aussi des possibilités que je n’étais pas prête à envisager avant. Trouver un partenaire professionnel pour exploiter le studio. Chercher des profs ou des thérapeutes avec de nouvelles techniques de bien-être. Demander une annulation ou une diminution de loyer. Avoir l’opportunité d’apprendre la langue des signes ou de pratiquer un autre code dont je n’avais jamais entendu parler avant. Devenir une des rares assistantes à l’intégration pour enfants sourds du canton.

Même jour, heure différente. Je partage mon idée de résiliation anticipée, qui fait maintenant partie du passé, avec la prof d’Ori Tahiti. Ses encouragements me font du bien. Elle m’a déjà aidé en me proposant de filmer un atelier ensemble, dont l’accès sera donné à celles et ceux qui voudront supporter le studio. Encore une goutte d’eau qui vient s’ajouter à celle du vase de la gratitude que je ressens.

Mercredi 5 mai, 17h57. Téléphone avec une élève. Il se trouve qu’elle est en train d’arriver au studio, alors que j’avais annulé le cours par faute de participant. Il y a eu une méprise avec le Doodle. Sans une once d’hésitation, je m’habille en vitesse et je fonce. Il faut dire qu’elle a fait presqu’une heure de voiture, ça n’est pas rien. Comme elle se trouve être la seule élève, nous pouvons bouger sans masque. Quel plaisir ! Je réalise que c’est mon premier cours de l’année 2021. C’est fou quand même ! En même temps, ce cours-là me donne une envie encore plus grande de m’accrocher.

Abandonner ou traverser. J’ai choisi la deuxième option, car c’est celle qui fait vivre le rêve que j’ai depuis plusieurs années et que je garde tant que je n’aurai pas tout essayé. Et vous ?